Déco Trèfle : le choix éclairé de la décoration éco responsable

Autrefois, il était de tradition dans les villages côtiers de glaner des débris rejetés par la mer pour les transformer et fabriquer de nouveaux objets du quotidien… Aujourd’hui, Karine Vichery arpente le littoral sauvage de la Manche, -ce territoire dont elle est native et qu’on appelait autrefois le Pays des Eaux-, pour offrir une nouvelle vie aux morceaux de plastique et de bois échoués qui polluent les rivages, nuisent aux fonds-marins, aux écosystèmes. Pour la jeune femme, valoriser les déchets de bois et de plastique rejetés sur les berges de la baie de Somme est une démarche multiple : créatrice, philosophique et vertueuse. C’est une nouvelle vie plus qualitative que l’artisane s’offre ainsi qu’à ces objets qui deviennent entre ses mains agiles, des luminaires, des objets de décoration.

Une activité artisanale qui, après des années dans l’industrie, a permis à Karine de trouver une nouvelle aspiration mais aussi de libérer sa créativité. « J’ai toujours aimé les travaux manuels, j’aimais peindre, dessiner, bricoler… j’avais même fabriqué une lampe en 4è confie-t-elle. Après le lycée, bien qu’ayant des velléités pour le dessin de mode, je me suis tournée vers le dessin industriel. J’ai obtenu un BTS micro technique qui m’a permis d’entrer dans une entreprise d’une centaine de personnes. Je suis devenue responsable d’atelier, j’ai fait évoluer mon poste, apporté, je crois, une certaine plus-value. Mais au bout de vingt ans, je me suis progressivement lassée de mon travail. J’ai mis du temps avant de trouver ce que j’avais envie de faire et puis ça s’est imposé, comme ça… en 2019. »

Des larmes de mer pour rappeler que la mer pleure…

Conseillée par la CMA d’Abbeville, Karine a créé Déco Trèfle, son entreprise artisanale qui redonne une seconde vie aux déchets marins.
Depuis toujours sensible à cet environnement qu’elle aime, -un site naturel d’exception (classé parmi les plus belles baies du monde) où le ciel et la mer se confondent-, qu’elle souhaite préserver à sa manière, la jeune femme s’est lancée dans la création d’objets éco responsables, notamment à partir de matériaux bio sourcés, tels que ces sacs d’huitres qui s’échouent depuis le littoral normand sur le rivage samarien. Le bois flotté, patiné par les marées et les galets, est également récupéré pour créer des luminaires, abat-jours, pieds de lampes, fleurs et autres accessoires décoratifs. D’autres déchets (car il n’y a pas que le bois qui flotte …) sont exploités, tels ces petits flotteurs en plastique, en forme de navette, que l’artisane appelle des « larmes de mer », pour rappeler que « la mer pleure », viennent s’ajouter à ses créations décoratives pleines de poésie… L’économie circulaire dans toute sa beauté et son utilité.

Karine a commencé par proposer en dépôt vente quelques objets dans un magasin de brocante puis un reportage lui a été consacré et d’autres ont suivi. Même si l’exercice se révèle parfois complexe, la jeune artisane a souhaité bien protéger son activité en déposant sa marque à l’INPI mais aussi en organisant avec précision la traçabilité de chaque objet créé. A chaque étape du processus créatif, elle révèle sa rigueur dans la réalisation de ses objets éthiques. Chacun d’entre eux est tamponné, vérifié, certifié, fait l’objet de tests de contrôle. « Ma formation technique me permet aussi de bien maitriser la fabrication des luminaires et notamment le système électrique. Dans une démarche durable, j’ai opté pour du cuivre et des câbles en coton et mes abat-jours sont en lin…. » En 2022, elle a sollicité à nouveau la CMA d’Abbeville pour l’élaboration de son site internet et une meilleure visibilité.

Chaque création est porteuse de sens

Karine ne laisse rien au hasard. Chaque création poncée, façonnée, est porteuse de sens, exige une réflexion notamment selon la destination de l’objet. « J’ai choisi un trèfle à quatre feuilles pour mon logo, parce que je voulais quelque chose de rare, d’unique … Pour un support à porte-clés dans un hôtel, je me suis inspirée d’un beau hêtre du jardin, véritable emblème des lieux…, là un morceau de bois flotté ira rejoindre la maison d’un particulier parce qu’il a eu un coup de cœur très personnel, raconte-t-elle, installée dans son atelier qui sent bon le bois dont elle a fait son matériau de prédilection.
Autour d’elle, des prototypes côtoient des caisses chargées de vestiges issus des rivages de la baie, du bois flotté, des branches, du plastique, les débris d’une porte usée par les marées, qui deviendront des créations libres, pleines d’inventivité, porteuses d’une forte valeur émotionnelle.

Karine utilise aussi pour les supports de ses objets décoratifs, du chêne issu de forêts françaises exploitées dans une démarche de développement raisonné et durable. Les magasins, les hôtels, les restaurants et les offices de tourisme apprécient son travail qui concilie style et environnement, design épuré, touche poétique. Grâce aux déchets marins, qui ouvrent le champ des possibles. En 2023, la jeune artisane a vu augmenter son chiffre d’affaires de 30%.