A 30 ans, Yoann Gérardin est professeur en Maintenance des matériels option matériels d’espaces verts (MMEV) à CMA Formation Château-Thierry depuis la rentrée 2024. Passionné par son métier, il nous explique en quoi consiste cette filière rare et de plus en plus demandée, qui forme à la réparation et l’entretien des espaces verts. Un métier qui permet aussi d’acquérir des connaissances techniques précieuses en mécanique, électricité et thermodynamique.
–Vous êtes professeur en Maintenance des matériels option matériels d’espaces verts ( MMEV) à CMA Formation Château-Thierry, quel est votre parcours ?
–Yoann Gérardin : J’ai travaillé en concession espaces verts pendant cinq ans et à la rentrée 2024, je suis entré à CMA Formation Château-Thierry pour enseigner à des apprentis qui se préparent au CAP ou au bac Pro Mécaniciens d’Espaces Verts. J’ai une trentaine d’apprenants en tout. J’ai été aussi jury d’examens lors de la session de juin 2024 dans cet établissement. En fait, l’idée d’enseigner s’est faite progressivement. En concession, on m’attribuait très souvent les stagiaires à former, sans doute parce que ça se passait bien. Un jour, un collègue m’a demandé pourquoi je n’enseignais pas et ce qui m’a décidé c’est de rencontrer un stagiaire de 53 ans qui était prof de carrosserie, qui est venu se reconvertir en mécanique espaces verts … ça a été le déclencheur. Je réalise aussi que j’aime transmettre. Plus le matériel est petit et complexe, plus j’aime ça, c’est une vraie passion.
–En quoi consiste la filière MMEV, méconnue ?
–YG : Il y a aujourd’hui très peu d’écoles qui proposent cette formation à la réparation des matériels espaces verts, alors qu’elle est de plus en plus demandée (par les mairies notamment qui en ont besoin pour faire l’entretien des espaces communaux). Paradoxalement, les métiers de la motoculture sont très méconnus. Il y a très peu de Service Après-Vente, d’ailleurs les concessions sont les seules à faire ce suivi, elles travaillent avec de grandes marques (Honda, Usquvarna, etc.) contrairement aux magasins de bricolage. Il faut savoir que si une machine est bien suivie, on peut la garder 25 ans. La mécanique du matériel d’espaces verts est très diversifiée, compacte et pointue, il faut s’habituer aux variétés des machines (motoculteurs, compresseurs, débroussailleurs, élagueuses, etc.).
–Quel public souhaite suivre cette formation ?
–YG : Nous avons des jeunes entre 16 et 18 ans, mais aussi des personnes en reconversion professionnelle. J’ai rencontré un monsieur de 45 ans qui est venu en candidat libre passer un CAP Maintenance des Matériels Espaces Verts. Le public qu’on rencontre est celui qui souhaite se spécialiser, donc c’est un vrai choix. L’apprenant doit être attiré par ce type de matériel. Il faut s’intéresser aux technologies moteur. Certains sont captivés, au point qu’ils m’ont demandé plus de cours ( !), c’est vraiment gratifiant ! Les publics qui viennent notamment de la filière moto, se retrouvent dans un univers totalement différent. En formation MMEV, nous avons des technologies assistées, sans formation ce n’est pas possible de maîtriser… Les jeunes en CAP s’initient à l’hydraulique, aux techniques d’extraction de résistance des matériaux. Je forme les apprenants à travailler avec méthodologie pour trouver efficacement les pannes. Les Bac Pro doivent maîtriser les valises diagnostic, quand il s’agit par exemple de réparer une tronçonneuse ou un tracteur. Aujourd’hui, la technologie apportée aux véhicules en 2009 est celle qu’on commence seulement à utiliser en 2024 par exemple sur les tracteurs.
–Quelles sont les perspectives offertes à une personne titulaire d’un CAP MMEV ?
–YG : Une personne titulaire d’un CAP MMEV peut travailler en concession, dans un SAV, en grande surface, mais aussi dans de grandes entreprises, chez des grands constructeurs tels qu’Honda. On peut bien sûr aussi ouvrir sa propre entreprise et devenir artisan. C’est un métier utile partout : une souffleuse, par exemple, peut être utilisée pour nettoyer les parkings dans les villes, à la SNCF, on a aussi besoin de débroussailleurs, de souffleurs pour nettoyer et entretenir les voies, on répare aussi les découpeuses à béton utilisées dans le bâtiment.
–Que diriez-vous à un jeune qui hésite à emprunter cette voie ?
–YG : Aujourd’hui, un mécanicien espaces verts est recherché. Un CAP peut démarrer à 1800 euros net. C’est un métier que je veux défendre parce qu’on n’imagine tout ce qu’on peut faire avec une telle formation.
Crédit photos : CMA HDF