« Cette VAE BP coiffure, je l’ai passée pour me prouver ma valeur »

Elle est chaleureuse. Accueillante et coquette. A l’image du salon dont elle est responsable, La Belle et le Barbu auquel elle s’efforce d’apporter sa touche personnelle. Des teintes douces, une déco qu’elle change régulièrement. Un lieu où les clientes se sentent bien. L’une d’elles d’ailleurs n’hésite pas à venir de Lille pour passer un moment entre les mains expertes de Dominique, assistée de sa collaboratrice Kaëna. La coiffure … A 58 ans, Dominique Delval n’avait jamais imaginé réussir à en faire son métier. Elle a d’ailleurs encore du mal à réaliser. La confiance lui fait toujours un peu défaut, même après des années d’expérience et un stage pour « gagner l’estime de soi ». « Je recommande ça à tout le monde, c’est formidable le bien que ça fait… confie-t-elle sans se départir de son sourire.

Dominique est un peu intimidée de parler d’elle. Pas l’habitude, pas les mots non plus. Comment raconter une vie, tout court … On devine que la sienne n’a pas toujours été facile. Benjamine d’une fratrie de cinq enfants, après un CAP Couture, elle a vite remisé ses rêves de styliste en enchainant les petits contrats dans le commerce. Un enfant, puis un deuxième, des séparations, des déménagements. « C’était compliqué… », lâche-t-elle pudiquement sans s’attarder. Dominique passe ensuite 15 ans à travailler sur une ligne d’assemblage automobile chez Sevelnord (Stellantis Hordain, anciennement PSA Hordain). Lorsqu’en 2008, la direction de l’usine propose un plan d’accompagnement et de reconversion aux salariés qui le souhaitent, Dominique décide d’accepter. Quitter l’usine. Mais que faire ? Elle a alors 43 ans. « J’avais un collègue qui me disait souvent : « toi, Dominique, coquette et toujours bien maquillée, tu devrais être dans l’univers de la beauté… » . Je crois qu’il m’a un peu influencée sans le savoir, s’amuse-t-elle. Et puis l’usine finançait quasiment la totalité d’une formation, c’était une opportunité, je suis partie… Même si j’ai aimé tout ce que j’ai fait là-bas, toutes ces années, je sentais que les choses changeaient, donc il était temps…»

Fierté et émotion d’avoir relevé le défi

La vie de Dominique prend alors un nouveau tournant. Après avoir hésité entre la fleuristerie et la coiffure, elle opte pour la seconde. Par le biais de l’organisme Fongécif, elle suit une formation de dix mois et divers stages dans des salons de coiffure. Son CAP coiffure en poche, elle s’installe en 2009 comme coiffeuse à domicile, effectue aussi des remplacements ici et là. En 2020, la pandémie vient tout compliquer mais Dominique continue à travailler, tant bien que mal. Elle intègre le salon La Belle et le Barbu à Cambrai et décide en décembre 2022 de se rassurer sur ses compétences en validant ses acquis professionnels par le biais d’une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), un dispositif qui permet de capitaliser les connaissances acquises et axer la formation sur celles qui font défaut. Sa démarche répond aussi à un besoin de reconnaissance lié à un désir d’évolution professionnelle. A peine un an après avoir été nommée responsable du salon, Dominique Delval obtient en mars 2024 sa VAE BP coiffure, à la CMA d’Arras. Un beau challenge qu’elle a accompli, toujours soutenue et encouragée par ses enfants, qui n’ont jamais cessé de croire en elle, mais aussi par sa référente VAE, Lucie Decasemacker, notamment lorsqu’elle a eu de gros soucis de santé. « Cette VAE BP coiffure je l’ai passée pour me prouver ma valeur, mes compétences. Elle me permet d’être reconnue, de me rassurer … » livre Dominique, non sans émotion. Dans son regard, on lit de la fierté aussi. D’avoir relevé ce défi. D’avoir réussi. C’est un diplôme qui fait du bien. Des années après avoir quitté les bancs de l’école.

La Belle et le Barbu
28 rue d’Alger
59400 Cambrai
03 27 78 42 47