Partons à la rencontre de Quentin MABILOTTE, 26 ans et patron d’une boulangerie de huit salariés à Etreux.
Passionné par son métier, il nous raconte comment il essaie d’améliorer ses pratiques jour après jour dans l’optique d’un développement plus durable de son activité.
Pourquoi vouloir entamer une démarche plus écologique ?
Quentin MABILOTTE
C’est le fruit d’une vraie réflexion, je voulais mettre en place des actions concrètes pour aller dans le bon sens. Je pense qu’on ne sauvera pas la planète en ne faisant des efforts qu’à un niveau individuel, il faut que les gros pollueurs, voire les États, s’engagent. Néanmoins, on peut tous faire de petits gestes au quotidien afin de moins polluer notre environnement.
Qu’avez-vous mis en place dans votre boulangerie ?
Q. M.
Je ne suis pas parfait mais j’avance petit à petit sur différents aspects. Tout d’abord, pour les sandwiches, j’ai arrêté d’acheter de petites portions de jambon sous plastique individuel pour privilégier des gros morceaux que je coupe à la trancheuse, de même pour l’emmental. Nous avons également arrêté d’emballer les gâteaux secs comme les cookies, désormais, nous les attachons par cinq simplement avec un ruban. Au fur et à mesure, j’ai aussi fait évoluer mon ancien matériel très énergivore que j’ai renouvelé par du plus qualitatif. Par exemple, j’ai remplacé mon four ventilé par un four au sol. Grâce à ça, en une année, j’ai économisé 3 000 euros d’électricité. Certes, toutes ces actions demandent un effort au départ mais pas un sacrifice non plus, ce ne sont pas des changements radicaux, c’est tout à fait faisable.
Les prochaines étapes ?
Q. M.
Je souhaite donner le choix au consommateur d’acheter avec ou sans emballage les baguettes, viennoiseries, etc. Pour un pain au chocolat par exemple, le conditionnement n’est pas utile s’il est mangé dès la sortie de la boulangerie. Cela demandera un effort supplémentaire à mes vendeuses qui ont déjà un rythme de travail intense, cependant c’est réalisable, c’est une habitude à prendre. Je réfléchis également à passer au bio, mais cela me réclamerait de fournir du travail supplémentaire afin d’obtenir le label et mes clients ne sont pas forcément tous prêts à payer leur baguette plus chère. J’attends le bon moment mais il est certain que je vais m’orienter dans cette voie.
Des retours de vos clients ?
Q. M.
Au niveau du questionnement sur l’emballage ? Rien de spécial, ce qui laisse entendre que ce n’est pas si contraignant pour eux. Par contre, après être apparu dans la presse, interviewé sur ma démarche, on a pu me reprocher d’envelopper les brioches dans du plastique. Sauf qu’il y a une bonne raison à cela. Ce plastique n’est pas ordinaire. C’est un plastique alimentaire spécifique, mis au point par le moulin avec lequel je travaille pour garantir une conservation de dix jours. Sans protection, la brioche durcirait et serait plus rapidement jetée par le consommateur. In fine, ça créerait du gaspillage alimentaire. Enfin, de mon côté, cet emballage me donne la possibilité d’en avoir toujours à la vente et de ne jamais en jeter.
Que diriez vous aux artisans réticents ?
Q. M.
Qu’en développant son business dans ce sens, tout le monde est gagnant ! Les producteurs et fournisseurs locaux auxquels vous faites appel, vos clients qui achètent de la qualité au juste prix, la planète évidemment, et vous aussi ! Personnellement, ça m’a demandé un effort au départ mais j’y gagne à l’arrivée au niveau des coûts et de la qualité.
Un bel exemple de transition en douceur vers une boulangerie plus durable, comme quoi, un peu d’écologie dans notre quotidien, ça ne mange pas de pain !
Le Fournil d’Etreux
154 rue de l’Eclaireur de Nice 02510 Etreux
02 23 62 16 23